L'agression n'a pas été physique. Mais elle n'en reste pas moins marquante pour Hervé Desserouer, maire de Mortain-Bocage et conseiller départemental. Mardi 20 mai, alors qu'il accueillait un groupe de marcheurs dans la salle des associations, jouxtant le cinéma Le Géricault, l'élu de 72 ans a été pris à partie verbalement par deux individus fortement alcoolisés. Retour sur une soirée qui a dérapé. "J'ai fait mon petit mot d'accueil et à l'issue, on a observé des impacts sur les vitres de la salle", raconte l'élu. Des jets anonymes, survenus après 22h. "Sauf qu'on ne savait pas qui avait jeté des choses contre les vitres. Donc, on en est resté là." L'incident aurait pu s'arrêter là. Mais rapidement, les éclats de voix se font entendre à l'extérieur. "Au bout d'un moment, des gens se sont mis à 'gueuler', dehors, et à faire du boucan", poursuit Hervé Desserouer. L'élu sort alors pour tenter d'apaiser la situation.
Mais la confrontation s'envenime. "Je suis sorti pour leur demander de se calmer." A ce moment-là, il s'adresse "en tant que maire et officier de police judiciaire" à deux trentenaires, "fortement alcoolisés et défavorablement connus des services de gendarmerie", précise-t-il. Des individus qui, semble-t-il, le reconnaissent. Et la tension monte brutalement. "C'est à ce moment-là que ça a déclenché leur agressivité."
"Je me suis fait traiter de collabo"
S'ensuivent insultes et attaques personnelles : "Je me suis fait traiter de collabo. L'un d'eux a attaqué (verbalement) ma famille, mes filles, ma femme. Et j'ai été traité de toutes sortes de noms d'oiseaux. Il m'aboyait dessus à 5cm de moi !" L'un des deux hommes l'accuse même de ne pas l'avoir payé pour un travail effectué en mairie. Il a également reproché au maire de "l'avoir fait travailler à la mairie sans l'avoir payé…" Ce qui est faux. "Car il parlait de travaux d'intérêt général (TIG)."
La situation perdure. "Au bout d'un quart d'heure", le maire ne parvient toujours pas à calmer les esprits. Il décide alors d'appeler la gendarmerie. Mais l'intervention prend du temps. "Ce sont les gendarmes de Saint-Hilaire qui sont intervenus, ne sachant pas trop où se situait la salle des associations. Les gens étaient partis pour la plupart mais entre cinq et huit personnes sont restées vers moi pour surveiller. Je ne me sentais pas en danger plus que ça", concède-t-il. C'est finalement le PSIG (Peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie) qui intervient plus tard dans la nuit et interpelle l'un des deux trublions. Le plus virulent.
L'élu n'en est pas à sa première
altercation
Deux jours plus tard, jeudi 22 mai, Hervé Desserouer dépose plainte. Il ne compte pas en rester là. "Je veux le faire savoir car c'est désagréable au possible." Et d'ajouter : "On ne peut pas laisser passer cela même si ça reste une agression verbale." L'élu n'en est pas à sa première altercation. "Il y a quatre ou cinq ans, je m'étais fait bousculer", confie-t-il. Face à la répétition de ces incivilités, la commune envisage depuis quelque temps de renforcer sa sécurité. Des caméras de vidéoprotection devraient prochainement être installées dans certains secteurs.
Le président du conseil départemental de la Manche, Jean Morin, a rapidement réagi. Dans un communiqué, il affirme : "J'exprime ma profonde solidarité et mon total soutien à l'égard de mon collègue Hervé Desserouer, après l'agression dont il a été victime. La répétition et la banalisation de ce type de violence, même verbale, envers les représentants de la République, représentent un grand danger pour la démocratie, notamment locale."
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Il est totalement inadmissible qu’un élu de la République, ainsi que sa famille, soient pris pour cible.
Les deux individus mis en cause seraient, selon l’article apparemment déjà connus des services de police.
Il est malheureusement à craindre que ces personnes soient enfermées dans une spirale de violence et d’ivresse, ne sachant s’exprimer que par l’agression.
S’attaquer à un représentant démocratiquement élu constitue un acte d’une extrême gravité.
Dans un État de droit, la justice doit faire preuve de la plus grande fermeté. Une condamnation exemplaire est non seulement attendue, mais nécessaire pour affirmer notre attachement aux valeurs républicaines et à la sécurité de celles et ceux qui s’engagent au service de tous.
Il est temps de faire respecter nos institutions, les gens sont irrespectueux ce n’est plus possible. MR le Maire vous avez eu raison de porter plainte.
Malheureusement c'est de plus en plus les attaques contre les élus. La civilité n'est plus là. Mais s'en prendre à un élu faut être très lâche.
D'accord avec vous joss